Les produits anti-moustiques
par ABE
Résultats: TRES EFFICACE
Aucun anti-moustique ne protège aussi longtemps que ce
qui est écrit sur la notice. Divisez ce temps par deux.
Faites attention : ces produits ne sont pas
inoffensifs. Il ne fait pas les ingérer (donc ne pas en mettre sur les mains
des enfants). Ils ne sont pas recommandés du tout pour les femmes enceintes et
celles qui llaitent.
Portez des vêtements clairs, les vêtements foncés attirent les moustiques.
Si vous vous faites piquer, mettez du vinaigre, cela calme les
démangeaisons.
Quatre produits sont jugés très efficaces, ce sont les quatre produits qui
contiennent du DEET
Anti Brumm Forte, vendu en pharmacie à 8 CHF 60/100 ml. Notre testeur
n’a été piqué que 4 fois après la huitième heure d’exposition. Avant ce
stade, les moustiques ne se seront que rarement posés sur la peau, sans faire
de mal.
Anti Insect Extra, vendu à la Migros au prix de 4 francs 50/100 ml. Une piqûre
à la septième heure et deux à la huitième. Un total de trois piqûres en
huit heures d’exposition.
Exopic Forte 12 Spray, vendu en pharmacie à 14 francs 80/100 ml. Il aura
fallu attendre la septième heure pour que notre testeur soit piqué à cinq
reprises.
Kik Activ, vendu en grandes surfaces au prix moyen de 8 francs 15/100 ml. Une
première piqûre à la cinquième heure et trois après la sixième heure. On
peut donc aussi qualifier ce produit de très efficace.
Résultats: EFFICACE
Trois produits sont jugés simplement efficaces. Globalement, il n’y a pas
grand chose à leur reprocher, si ce n’est que leur efficacité dépendra de
votre transpiration.
Autan Active Pump Spray, vendu en pharmacie à 12 francs 80/100 ml. Sur notre
sujet, une piqûre après deux heures et trois après cinq heures.
Anti Brumm naturel, vendu en pharmacie au prix de 9 francs 95/100 ml. C’est
le seul produit sans agent actif synthétique qui peut être considéré comme
efficace. La transpiration de notre sujet a toutefois attiré les moustiques
assez vite: une piqûre après une heure, une autre après quatre heures et
quatre encore après la cinquième heure.
Exopic 8 Spray, vendu en pharmacie à 14 francs 45/100 ml. Une piqûre après
une heure, quatre après quatre heures, et quatre autres à la cinquième heure.
Résultats: INEFFICACE
Enfin, trois produits terminent en queue de classement. Ils sont jugés
inefficaces.
Mousti Fluid Eau Protectrice, vendu en pharmacie au prix de 13 francs 20/100 ml.
En deux minutes, notre testeur a été piqué huit fois, alors que la bouteille
nous promet une protection pendant six heures.
Mais il y a pire: Dapis Gel, vendu en pharmacie à 24 francs 50/100 ml. Cinq piqûres
en une minute! C’est un produit 100% naturel.
Phytopharma Anti-Moustiques, un produit partiellement naturel, vendu en
pharmacie au prix de 9 francs 95/100 ml. En une minute, notre sujet a été piqué
à huit fois. C’est le record !
Informations générales
sur les moustiques
Ils attaquent dès le soleil couchant, le plus souvent discrètement, mais le
bruit de leurs ailes peut aussi nous agacer dans la nuit et nous signaler, qu’à
la première opportunité, ils viendront prélever quelques gouttes de notre
sang.
Les moustiques aiment la chaleur et l’humidité. Ils ont colonisé toute la
planète à l’exception des régions perpétuellement froides comme on en
trouve dans l’antarctique. Les plus communs de ceux que l’on trouve chez
nous vivent en moyenne un mois, mais certaines variétés hibernent et peuvent
atteindre l’âge de six mois. Ils ont bien quelques prédateurs comme les
araignées, les chauves-souris, les oiseaux, mais leur multitude et leur rapidité
de reproduction les mettent à l’abri de l’extinction. L’homme est aussi
un prédateur sérieux, mais, comme les bactéries, le moustique est capable de
développer des résistances. Avant de tester l’efficacité des répulsifs qui
existent sur le marché, nous allons observer d’un peu plus près quelques
membres de l’ordre des Diptères.
Le moustique, l’insecte que tout le monde a écrasé au moins une fois dans
sa vie, un insecte vieux de 400 millions d’années. Il a conquis la terre
ferme bien avant l’homme. Et cela, même s’il est conçu dans l’eau,
propre ou polluée, et prolonge sa vie dans les airs. On compte aujourd’hui
plus de 3000 espèces différentes, ce qui représente plus des deux tiers du règne
animal.
Jean-Paul Haenni est biologiste au Musée d’Histoire Naturelle de Neuchâtel,
spécialiste en insectes. Pour étudier le moustique, il en ramène régulièrement
de ses différentes promenades, en Suisse ou ailleurs. Actuellement, dans son
musée, il entretient même une colonie de moustiques, des culex pipiens,
l’espèce la plus fréquente en Suisse et en Europe.
Au stade larvaire, mâles et femelles sont similaires. Il faut attendre la métamorphose
de la larve en nymphe pour que les deux sexes se différencient. Contrairement
à la femelle, le mâle fait apparaître des antennes plumeuses. Ces récepteurs
sensoriels lui permettent d’être sensibles au bruit des femelles
lorsqu’elles volent. Son but sera alors de remplir son rôle biologique,
cadeau à l’appui. Après l’accouplement, la femelle a besoin d’un apport
supplémentaire en protéines pour mener ses œufs à maturité. Elle part donc
en quête de chair fraîche pour se gorger de sang. Ces dames visent les vertébrés
ou parfois des oiseaux ou des grenouilles. Mais une chose est sûre, leur péché
mignon, c’est le sang de l’être humain. En fait, chaque fois que vous avez
été victime de la piqûre d’un moustique, vous avez contribué bien malgré
vous à la survie de l’espèce.
Si on ne sait pas exactement quel est l’angle de vue d’un moustique, on sait
que les mouvements et les couleurs sombres l’attirent. De même que certains
types de transpirations. On dit souvent qu’il y a des sangs ou des peaux à
moustique. Mais, en réalité, il n’y a que des transpirations à moustiques.
C’est votre système hormonal qui dicte la loi. Une manière élégante de
dire qu’on ne naît pas tous égaux devant un moustique.
Les mâles, eux, ne piquent jamais. Ils se nourrissent essentiellement de nectar
de fleurs et mènent une vie un peu monotone, au cours de laquelle ils ne
s’accouplent généralement qu’une seule fois. La femelle, elle, peut être
fécondée jusqu’à trois fois, pour autant, bien sûr, qu’elle ait pu vous
piquer sans être écrasée pendant sa manœuvre. Après quoi, son besoin sera
de viser un plan d’eau pour déposer ses œufs, entre 50 et 300, selon l’espèce.
En résumé, les mâles ne piquent pas, sauf chez les moustiques hématophages
qui se nourrissent du sang des mammifères. Sous nos latitudes, les femelles ne
piquent donc que pour assurer leur descendance, pas pour se nourrir. Ce qui
provoque le bouton, c’est-à-dire l’inflammation autour de la piqûre de
l’insecte, c’est la substance anesthésique qu’il dépose pour que la
ponction soit indolore et qu’on ne l’écrase pas. Si le moustique s’était
arrangé pour que cela ne provoque pas cette réaction, on le laisserait bien
volontiers prélever un peu de sang pour ses petits, mais voilà, ça démange
et on n’aime pas ça! L’autre problème, ce sont les maladies véhiculées
par les insectes. En piquant, ils peuvent transmettre des parasites, des virus
ou des bactéries. La maladie la plus connue et la plus meurtrière transmise
par les moustiques est la malaria. Il faut savoir qu’elle a sévi chez nous
jusqu’au début du 20ème siècle. On trouvait des moustiques porteurs de la
malaria dans le sud de la France et jusque dans les marais en Suisse. Ce n’est
qu’en les asséchant et en ayant recours à des insecticides à grande échelle,
que l’on a pu se débarrasser du paludisme en Europe. Ailleurs, il continue à
sévir. Sous nos latitudes, le moustique n’est pas dangereux, mais plus l'on
monte vers le nord, plus il peut être énorme et attaquer en nuée.
Le moustique n’est l’ami de personne. En Finlande, on consacre même le
meilleur tueur de moustique du pays. Un concours pour le moins insolite qui démontre
bien que cet insecte est une menace, dont il faut parfois se venger.
Les Etats-Unis ont vécu leur psychose du moustique il y a plusieurs années. La cause?
Le virus du Nil, un virus meurtrier pour l’homme, transmis par des moustiques
qui se nourrissent d’oiseaux en provenance d’Afrique ou d’Asie. A grand
coup d’insecticides, la police s’est lancée à l’assaut de l’insecte.
Mandat de perquisition à l’appui, elle a même fouillé des logements pour
rechercher d’éventuels nids à moustique. Mais le moustique fait
principalement d’autres ravages, dans les régions tropicales et
subtropicales, là où les ménages conservent leur eau et où l’évacuation
des déchets est insuffisante.
Parmi les plus connues, il y a la dengue, une maladie infectieuse qui peut être
guérie si l’on s’en occupe tout de suite et de manière intensive. Et puis,
il y a la fièvre jaune, une maladie virale pour laquelle on a trouvé un
vaccin.
Mais il est un mal encore indompté, transmis par les moustiques anophèles,
c’est la malaria ou paludisme, la maladie parasitaire la plus fréquente et la
plus meurtrière au monde. Chaque année, le palu, comme on dit, tue près de
deux millions de personnes, essentiellement des enfants de moins de 5 ans et des
femmes enceintes.
En piquant l’homme, le moustique injecte le parasite. Il migre vers le foie,
via la circulation sanguine. Là, il se divise pour donner naissance, en
quelques jours, à des milliers de nouveaux parasites qui envahissent votre
corps.
Jusqu’ici, se cacher sous une moustiquaire est la méthode la plus sûre pour
se protéger de la maladie. Mais ce n’est pas vraiment la solution. Il existe
des traitements de prévention, voire même des médicaments capables de
ralentir le processus de la maladie, mais aucun vaccin n’a été trouvé
jusqu’ici.
Au CHUV à Lausanne, Bernard Genton est spécialiste des maladies tropicales. Au
Service des vaccinations, il reçoit en moyenne 100 personnes par jour qui
partent dans des régions à risque. Pour la malaria, par exemple, il ne peut
proposer que des médicaments préventifs et conseiller de dormir avec des vêtements
longs et des moustiquaires.
Pourtant, un vaccin, on y court après partout dans le monde. Comme ici, à
Lausanne, à l’Institut de biochimie de l’Université. Giampetro Corradin et
son équipe y travaillent depuis plus de 20 ans. Sur place, ils entretiennent
une colonie de moustiques parce que c’est le seul moyen de maintenir un cycle
de malaria. Comme pour tout vaccin, c’est avec le parasite lui-même que
l’on travaille.
On y élève des colonies d'environ 2000 à 3000 moustiques. Une partie va être
utilisée pour maintenir le stock de moustiques et une autre partie pour la
recherche que l’on est en train de développer. Dans ces élevages, les
moustiques sont encore sains. C’est en piquant des souris endormies et infectées
de malaria que les insectes attraperont à leur tour la maladie. Cela prend
environ 18 ou 20 jours pour que les moustiques développent la malaria au niveau
des glandes salivaires.
On prend les sporozoïtes pour faire différentes recherches. Les sporozoïtes,
ce sont les parasites agents du paludisme. En les analysant, on cherche une protéine
sur 5000, celle sur laquelle on va travailler pour la mise au point d’un
vaccin. Il faudra ensuite la tester sur des souris, avant de passer à des
essais sur l’être humain.
Et lorsque l’on déniche une éventuelle solution en Suisse, rien n’indique
qu’elle sera efficace dans les régions tropicales, où les conditions de vie
sont différentes. Tant qu’un vaccin n’est pas trouvé, la maladie
continuera de tuer.
La lutte contre la malaria se heurte à de nombreux obstacles. Le moustique développe
des résistances aux insecticides. Le parasite de la malaria, lui aussi, intègre
des mutations qui le rendent résistant aux médicaments et, comme la malaria
touche essentiellement les pays les plus pauvres de la planète, la recherche
dans ce domaine n’est pas une priorité de l’industrie pharmaceutique. Si la
lutte contre le paludisme avait obtenu la moitié de ce qu’on a mis dans la
recherche contre le sida, il est probable que l’on disposerait aujourd’hui
d’un vaccin efficace. Le seul moyen actuellement de se prémunir, en plus de
la prophylaxie recommandée pour les pays à risque, c’est de multiplier les
obstacles entre l’homme et l’insecte: se couvrir, dormir sous une
moustiquaire, s’enduire et enduire la moustiquaire de produits répulsifs
appelés aussi repélants. Nous avons acheté 14 de ces anti-moustiques
disponibles sur le marché romand, 10 sont à appliquer directement sur la peau,
les 4 autres sont des diffuseurs d’insecticides à brancher dans une prise électrique.
C’est l’Institut tropical suisse à Bâle qui a effectué pour nous les
analyses d’efficacité.
D'abord, les sprays et autres lotions à appliquer sur la peau. Sur nos dix
anti-moustiques de ce type, deux sont composés d’extraits naturels.
Tous les autres sont composés de substances synthétiques, notamment, pour 4 de
nos produits, du DEET, le diminutif de diethyl-toluamide, une substance
neurotoxique.
Aucun de ces produits ne tue les moustiques. Ils les éloignent de leur proie.
Pas de réels dangers à l’application. Seules les muqueuses de la peau
peuvent être légèrement endommagées par le DEET. Mais, pour en arriver là,
il faut en appliquer plusieurs fois par jour pendant une très longue période.
Avant de connaître l’efficacité de ces produits, nous avons demandé au
professeur de pharmacologie de l’Uni de Lausanne, Jacques Diezi, s’ils
contenaient des substances dangereuses: "C’est une substance qui est
toxique à l’égard du système nerveux à dose élevée. Mais une utilisation
limitée en surface et en durée, et qui s’applique le moins possible à des
enfants en bas âge, fait que les risques sont faibles."
Pour ce test, 10 volontaires se sont enduit les bras de nos produits une heure
avant le début des opérations. Ils se sont caché les mains pour ne pas avoir
à subir des piqûres entre les doigts spécialement désagréables. Et hop…
ils ont plongé dans la gueule du loup. En l’occurrence, des cages contenant
entre 200 et 300 moustiques, des mâles comme des femelles. C’est cruel, mais
pour Werner Rudin, c’est le seul moyen de comprendre le comportement des
moustiques...
Bernard Rudin: "On a découvert que, pour qu’il y ait de l’effet, il
faut que le moustique soit désorienté. Il est important de savoir que c’est
la combinaison entre la transpiration et le produit qui attire ou refoule le
moustique. On ne peut pas tester le produit tout seul, cela n’a pas de raison
d’être."
Chaque bras a passé dans cette cage 10 minutes toutes les heures pendant huit
heures. Nos testeurs notaient chaque passage d’un moustique sur la peau et,
bien sûr, chaque piqûre.