La population

Sa composition

Très rapidement après la colonisation, les Espagnols se sont mélangés avec les Amérindiens. De ces unions sont nés les Nicaraguayens.

Les métis représentent donc la plus grande partie de la population (67%-72%). Ce sont principalement eux que vous rencontrerez durant votre voyage.

Il est très difficile d’évaluer le pourcentage d’Européens de souche. Ce sont d’ailleurs eux qui se définissent ainsi pour se distinguer des autres catégories de la population, car sous cette dénomination se regroupent souvent les propriétaires terriens, petits ou grands. Ils représentent environ entre 13% et 17% de la population.

Les Amérindiens se trouvent surtout dans la zone caraïbe. Ce sont les Miskitos, Ramas, Sumus ou Mayangnas (présents dans la réserve de Bosawas où ils étaient encore nomades il y a 30 ans), ainsi que différents groupes Chorotegas qui habitaient des villages et des villes sur la côte pacifique et dans la région de Las Segovias. Ces anciennes villes constituent maintenant des quartiers de villes actuelles, telles que Masaya (quartier de Monimbo), de Leon (quartier de Subtiava) et Granada (quartier de Xalteva). Les Amérindiens représentent 5-6 % de la population.

Les Garifonas sont des Noirs qui parlent une langue améridienne teintée d'espagnol, d'anglais et de langues africaines.

Quelques sites à propos des Miskitos

http://www.monde-diplomatique.fr/1997/09/LEMOINE/9081

http://ethnisme.ben-vautier.com Rentrez "Miskitos" dans la recherche

http://www.unhcr.org Rentrez "Miskitos" dans la recherche

Un site qui traite des communautés indiennes et noires au Nicaragua

http://www.bibl.ulaval.ca/doelec/pul/chap23.html

Les Amérindiens qui sont le plus en danger d'extinction sont les Ramas.

Ce qui préoccupe le plus la population, c'est la disparition de sa langue. Elle est désignée comme en état "critique" par l'UNESCO, juste avant l'état de "disparue". Cette perte des langues non écrites et peu documentées est une perte culturelle, perte de connaissances ancestrales.

Les Noirs sont des descendants des esclaves Jamaïcains que les Anglais ont fait venir sur la côte caraïbes pour remplacer la main d’œuvre amérindienne qui faisait défaut. Ils ont la particularité d’avoir conservé la langue anglaise apprêtée à la sauce caraïbe. Ils représentent environ 9%-10% de la population.

Il y a environ 6 millions de Nicaraguayens, plus de la moitié de la population à moins de 16 ans.

La pauvreté

Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le chômage est très important, il touche près de 50% de la population active. Toute cette population vit dès lors de petits boulots, ce qu’on appelle l’économie informelle. 

L’éducation est le parent pauvre du budget de l’Etat, la solution préconisée étant, sous les gouvernements libéraux, de privatiser l’éducation. A tous les niveaux il y a donc l’éducation pour riches et celle pour pauvres. 

L’espérance de vie n’est pas très élevée, elle est de 63 ans en moyenne. Puisque la population riche vit selon le standing occidental, l’espérance de vie de la population pauvre ne doit pas être très élevée. 

C’est la détresse économique pour les trois quarts de la population.

Extrait d'article paru dans El Nuevo Diario en mars 2004

Mesures d'urgence contre la faim

Monsieur L. Van Crowner, representant de la FAO au Nicaragua a fait une analyse sur la situation de la faim dans le pays. Il a demandé au gouvernement de prendre des mesure d'urgence pour un total de 7 millions de US $ afin d'amplifier le programme spécial de sécurité alimentaire. Au Nicaragua, il y a 1,3 millions de personnes  sous-alimentées à cause d'un manque d'accès à la nourriture en février 2004. La situation pourrait s'aggraver durant cette année, surtout à partir de décembre lorsque l'aide de gouvernement espagnol prendra fin. Le Nicaragua est inclu dans la liste des 36 pays du monde qui requièrent une assistance alimentaire extrême. Il se situe à la cinquième place en Amérique latine après Haïti, le Honduras, le Salvador et le Guatemala.

Extrait d'article paru dans El Nuevo Diario en octobre 2006

Chaque 5 secondes, un enfant de moins de 5 ans meurt de faim dans le monde. Au Nicaragua, selon la FAO, un tiers des mineurs souffre de dénutrition. Un tiers de enfants qui peut aller à l'école souffre d'un retard de croissance irréversible qui affectera de manière permanente son développement.

Presque la moitié de la population se trouve à un niveau de manque critique en se qui concerne l'alimentation nécessaire. 68% des habitants des zones rurales vivent dans des conditions de pauvreté (un dollar par jour) et 28% sont extrêmement pauvres (moins d'un dollar par jour).

Pour pallier en partie à cela, 53 potagers scolaires ont été créés, plus de cent enseignants formés à la culture des aliments et 18'000 enfants bénéficient ainsi d'aliments de qualité.

Extrait d'une lettre parue dans le courrier des lecteurs de El Nuevo Diario en janvier 2007 (lettre de M. Alonso Luna Dona)

Quels sont les espoirs, les réalités, les obstacles et les nécessités de la majorité des Nicaraguayens ? Pour illustrer  cette situation, je présente quelques chiffres : entre 50 et 80 % de la population vit en situation de pauvreté ou d'extrême pauvreté. De grands segments de la population vivent avec 1 ou 2 dollars pas jour. 850'000 enfants n'ont pas accès à l'éducation, 23 % de la population de plus de 15 ans est analphabète, de chaque 100 enfants qui commencent la primaire, seuls 3 termineront une carrière universitaire, 27 % de la population se trouve en état de malnutrition ou de dénutrition, 60 % de la population rurale et 22 % de la population urbaine n'a pas un accès sûr à l'eau potable, il y a un déficit de 400'000 habitations. Enfin, un million de Nicaraguayens émigrent par manque d'opportunité d'emploi dans leur pays.

La nourriture

Elle peut être légèrement pimentée, mais généralement les condiments sont servis à part.

Le plat national est le gallo pinto, un mélange de haricots rouges (tout petits et savoureux) et de riz. Souvent, ce plat est agrémenté de légumes (poivrons, tomates, oignons). Les autres plats typiques sont : indio viejo (viande, oignon et farine de maïs), carne tapada (viande cuite à l'étouffé avec des légumes), chancho con yuca (du porc cuit avec du manioc), enchiladas (galettes de maïs roulées, contenant légumes et viande, le tout est frit), quesillo (fine galette de maïs avec une couche de fromage de la même taille, elle est roulée et servie avec de la crème et des oigons hâchés), tortilla con cuajada (tortilla avec du fromage frais), garrobo (une variété d'iguane, grillé ou en soupe), sopa de cola (soupe de queue de boeuf), guiso (viande et légumes dans une sauce épaisse à base de maïs). Comme desserts, goûtez la cajeta de leche (du sucre et du lait cuits ensemble formant un caramel), almibar (un fruit confit, ils sont nombreux à être apprêtés de cette façon), leche agria (lait aigre), ayote en miel (un dessert indigène, de la courge au miel, un délice!).

Il y a du pain, mais nous vous encourageons à goûter aussi la tortilla (galette de maïs) et la güirila, la tortilla de maïs nouveau.

La viande de bœuf est excellente. Le Nicaragua exporte beaucoup de viande et de grandes étendues sont dédiées à l’élevage extensif des bovins. On vous proposera souvent de la viande grillée au barbecue, mais il y a aussi des plats cuisinés. Goûtez au salpicon, à la carne pichada et à la carne deshilada ou desmenusada.

On trouve partout du poulet.

Il existe de nombreuses variétés de fromages.

Il y a du poisson de mer et d’eau douce (dont le guapote, un gros poisson du lac Cocibolca). Goûtez au moins une fois au ceviche. Ce n'est pas une spécialité locale, on en trouve sur toute la côte pacifique de Mexique au Chili. C'est du poisson et des fruits de mer cuits dans du jus de citron avec des épices.

La banane est fréquemment utilisée. Il en existe plusieurs variétés, à cuire ou comme dessert.

Goûtez aux plats à base de manioc (le vigoron, la soupe).

Tout comme au Mexique, il existe de nombreux types de courges.

Goûtez aux fruits, ils sont délicieux : mangues, avocats, bananes, oranges, citrons verts, goyaves, ananas, guanabanas, mandarines, pastèques, melons, papayes, mamones (petit fruit dont la coque est verte et se casse d’un coup de dent, l’intérieur est jaune-orange avec un gros noyau, ils se dégustent avec un verre de rhum). La pitahaya est le fruit d'un cactus. Il est sans piquant, de couleur rouge avec de grosses écailles tirant sur le vert, douces au toucher. L'intérieur est délicieux, d'un rouge écarlate avec de petits grains noirs. Ce fruit possède un fort pouvoir colorant, vous vous en rendrez compte après en avoir mangé ... . Il y a aussi le nancite (petit fruit jaune de la grosseur d'une cerise), le jocote (un peu comme une prune), quand il est mûr, il est de couleur jaune rouge, mais souvent les Nicaraguayens le préfèrent vert. Le nispero, un peu comme une nèfle (il ressemble au zapote, mais sa chaire tire plus sur le brun et il a plusieurs noyaux), le zapote, en forme de ballon de rugby (mais plus petit), a une chaire rosâtre et un gros noyau noir, le mamey lui ressemble mais ne possède pas ce gros noyau et est plus rond. Le fruit de la passion (appelé kalala sur la côte pacifique et maracuya dans le reste du pays), la granadilla, un gros fuit qui sert à préparer une boisson. L'icaco est un  fruit gros comme une prune, de couleur jaune orangé ou violet. Il est souvent apprêté cuit avec du sucre. Le caimito a la forme d'une grosse prune rouge noire, il possède 3 ou 4 noyaux et une saveur douce et agréable.

Mamon
Zapote Pitahaya

N’oubliez pas de goûter aux nacatamales, c’est de la pâte de maïs avec des légumes et de la viande, le tout enveloppé dans des feuilles de bananier et cuit à l’étouffée. Goûtez aussi aux yoltamales, tamales sucrés réalisés avec du maïs nouveau.

Comme boissons, les meilleures sont préparées avec des fruits et s'appellent "frescos". Tous les sodas occidentaux  existent bien sûr. Nous vous conseillons de goûter à un soda local, la "rojita" qui est faite avec la pulpe de fruit du café. (Le café provenant du noyaux du fruit).

Quelques sites de recettes nicaraguayennes (en espagnol):

http://www.arecetas.com/nicaragua/

Le rhum est vraiment l’un des meilleurs du monde. La meilleure marque est « Flor de caña ». Elle existe en rhum blanc (au goût légèrement vanillé) dont le nom change en fonction de l’âge (jusqu’à 7 ans). Le rhum brun est plus parfumé, son nom change aussi en fonction de l’âge (jusqu’à 18 ans pour le centenario). Il est possible de trouver du centenario de 21 ans, mais il est bien plus cher, 62 US $ la bouteille ! (On en trouve dans les boutiques de l'aéroport, dans la zone "départ", au premier étage) et parfois au marché Huembes pour moins cher. Il est préférable de l'acheter au Huembes et de le mettre dans sa valise en soute (voir ce qui m'est arrivé en 2009).

Si vous désirez manger de la cuisine internationale, cela vous coûtera assez cher. Par contre, la cuisine locale est bon marché. Le plus simple est d’aller dans un marché où une partie est dédiée à cette activité. Sinon, en ville, de nombreux petits restaurants de tous types existent.

Pour rester en bonne santé, nous vous conseillons de manger ce que mange la population. Cette nourriture est préparée tous les jours (donc elle est fraîche), et le dépaysement qu’elle vous procurera sera un plus.

Conseils

De l’avis de tous, les Nicaraguayens sont chaleureux et le contact avec la population est facile pour l’étranger. Cela sera d’autant plus aisé si vous parlez l’espagnol. Notons au passage que durant les 10 années que dura le régime révolutionnaire (1979-1990), nombreux furent les Européens qui vinrent prêter main forte au Nicaragua à travers des ONGs (organisations non gouvernementales). Beaucoup de Nicaraguayens en gardent un bon souvenir. La femme occidentale qui voyage seule n’échappera pas aux piropos (sifflement et paroles d’admiration) des hommes, qui connaissent l’indépendance des femmes occidentales car il y avait de nombreuses coopérantes dans les ONGs. Elles éviteront pourtant de sortir seules la nuit. Visiter un pays pauvre

Sachez que le terme "gringo" désigne l'étranger, bien qu'à l'origine il désignait les nord-américains. L'origine de ce terme provient de l'occupation du Mexique par les troupes US en 1914. Ces troupes étaient habillées en vert et la population leur disait: "green go" (les verts, partez!). Les verts sont partis, l'expression est restée.

Souvent, les gens diront à votre propos "chele" qui vient du verlan de "leche" (lait), puisque l'étranger est clair de peau. Gringo est plus péjoratif que chele!

Sachez que dans la mentalité de toute la population, les cheles sont riches, très riches même. La richesse du chele est si grande  que lui en prendre un peu n'est pas grave. C'est pour cette raison que les prix augmentent dès que pointe notre peau claire.

La politique

Le pays est très politisé. Si vous parlez espagnol vous aurez de grandes discussions avec les Nicaraguayens. Parlez surtout de la politique dans votre pays car la situation nicaraguayenne est souvent tendue. Il y a maintenant trois grands partis politiques, le PLC (Parti Libéral Constitutionaliste) . Son drapeau est rouge. Il a obtenu environ 20 % des votes aux dernières élections). Une forte fraction du PLC s'est séparé de ce dernier et a formé l'Aliance Libérale Nicaraguayenne (ALN). Ce parti a conservé le drapeau rouge. Il a obtenu environ 30 % des votes aux élections de 2011). Les divergences entre les deux factions libérales ont pour origine la corruption du gouvernement de M. Aleman. Le FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale). Son drapeau est rouge et noir, il est actuellement au pouvoir après avoir obtenu 72% des voix aux élections 2016, avec en plus la majorité à l'Assemblée Nationale. De nombreux autres petits partis composent le paysage politique, dont le MRS (Mouvement Rénovateur Sandiniste) qui a obtenu près de 8% des votes aux élections de 2006. Il y a pourtant une constante dans la politique, une règle non écrite, plus on clair de peau plus on a de chance d'être situé en haut de l'échelle. La politique aujourd'hui

Pourtant, un parti politique nicaraguayen n'est pas un parti politique européen. Au Nicaragua, un parti politique est surtout un système pyramidal d'allégeance (de bas en haut) et de redistribution économique (de haut en bas). C'est pour ces raisons que les membres (et toute leur famille) d'un parti politique défendront bec et ongles leur chef, même si ce qu'il a fait semble indéfendable aux yeux d'un étranger, et, lorsqu'un gouvernement change, tous les haut-fonctionnaires de l'ancien gouvernement sont mis à la porte et remplacés par des gens sûrs, qui ont fait allégeance. Ceux-ci renvoient pour la même raison les fonctionnaires qui sont sous leurs ordres, ainsi de suite. Les postes de l'Etat sont donc occupés par des gens qui soutiennent le nouveau gouvernement. Pour cette raison, un gouvernement tarde à se mettre en place. Ensuite, un poste est souvent confié à une personne plus pour des raisons d'allégeance que pour des raisons de capacités. Un proche du gouvernement se verra donc confier un poste avec un salaire extrêmement élevé car il sait qu'il ne le gardera pas longtemps. 

Tout ce système est donc clientéliste, ce qui engendre un populisme qui n'est pas de bon aloi pour le développement harmonieux du pays (sans nous aventurer dans la définition qu'il est possible de donner au terme "développement"). Les racines de ce système est à rechercher dans les rapports qu'entretiennent les puissants envers les pauvres, dans ceux qu'entretenaient les Espagnols avec les Amérindiens et aussi dans les liens qui unissaient les caciques avec les villageois durant la période précolombienne. 

Un autre problème sérieux qui découle de cette organisation : lorsqu'un gouvernement perd les élections, il peut répartir entre ses membres certains biens de l'Etat afin de préserver les capacités financières des membres de son parti politique. Cette situation s'est présentée deux fois, lorsque les sandinistes ont perdu les élections en 1990 et lorsque le parti de Mme Chamorro les a également perdues en 1996. Dans ces cas, on parle de "piñata".

Tout au long de l'année 2006, l'ambassadeur des Etats-Unis, M. Trivelli, a fait d'énormes pressions pour que les partis de droite se mettent d'accord pour proposer un seul candidat. Mais, il n'y a pas eu d'accord entre M. Montealegre, soutenu par Washington et M. Rizo, poulain de M. Aleman lui-même détesté par Washington. En face, les partis de gauche présentent aussi deux candidats : M. Daniel Ortega, ancien président sandiniste proposé par le FSLN. M. Herty Lewites, sous la banière du MRS (Mouvement pour la Rénovation Sandiniste), ancien ministre sandiniste du tourisme, ancien maire sandiniste de Managua et favori des sondages est brutalement décédé en juillet 2006. Il a été remplacé par M. Jarquin, secondé par M. Carlos Mejia Godoy.

La situation est actuellement un peu tendue avec les USA, puisque M. Ortega a été élu à la présidence fin 2006 (sans qu'il possède la majorité à l'Assemblée Nationale) et qu'il a noué des liens étroits avec les présidents Chavez (du Vénézuela) et Castro (de Cuba). M. Trivelli parle beaucoup dans les médias nicaraguayens au sujet du nouveau gouvernement et cette ingérence constante n'est pas du goût du nouveau gouvernement.

2011. Malgré le fait que la Constitution interdise au Président de la République de se présenter deux fois successivement, M. Ortega se représente. Il a obtenu gain de cause auprès de la Cour Suprême qui a reconnu une "injustice" car les députés peuvent se présenter plusieurs fois successivement. Les autres candidats à l'élection présidentielle de novembre 2011 n'ont pas manifesté une indignation démesurée face à la décision de la Cour Suprême. M. Ortega a été facilement réélu pour 5 ans avec une majorité confortable, ce que prédisaient les sondages.

En novembre 2016, M. Ortega a encore été réélu avec une majorité confortable. Néanmoins, cela est à relativiser puisqu'il y a eu une abstention importante, sans précédent dans le pays.

La religion

Normalement, la population est de religion catholique. Le cardinal de Managua a une grande influence sur la vie politique du pays (surtout sous le gouvernement de Mme Chamorro). Les mouvements néo-chrétiens (pentecôtistes, baptistes, adventistes, témoins de Jéhova, etc.) sont très présents et font un prosélytisme effréné (près du tiers de la population a adhéré à ce genre de croyances).

Chez les indiens Miskitos, c’est l’Eglise moravienne qui est prépondérante.

Extrait d'un article paru dans le Nuevo Diario en juillet 2004

Les dieux indiens ne sont pas vaincus

Les dieux antiques ne sont pas partis. Ruben Dario l'assurait avec  “Huitzilopochtli”, et mainenant, au XXI siècle, une historienne signale que derrière Santo Domingo se trouve le dieu indien "Xolotl".

Evidence de sincrétisme culturel, la relation entre Santo Domingo de Guzmán et Xolotl perdure jusqu'à aujourd'hui à travers la fête de Santo Domingo qui se célèbre entre le 15 juillet et le 15 août au même moment que les Nahuas de Managua célébraient la récolte des épis de maïs en honorant Xolotl. 

Cette divinité, représentée par la figure du chien Xulo, avait 2 temples. Un près du lac Xolotlan, l'autre sur les lieux de culture du maïs. Au début de la récolte, Xolotl était  emmené, au milieu des chants et de la musique, depuis les champs jusqu'au temple du lac où le recevait le cacique qui mettait Xolotl sur un canot et lui faisait traverser le lac. Cette fête se caractérisait par la consommation de grandes quantité de chicha de maïs et autres boissons ennivrantes. 

Durant la conversion, Xolotl fut remplacé par l'image de Santo Domingo de Guzmán sur les pieds duquel repose un chien. Aujourd'hui, le premier août,  le saint est ammené depuis l'église catholique (situé dans les environs de Managua) jusqu'au centre de la ville ou l'attend le "mayordomo" sur une plateforme décorée en forme de barque. Après 10 jours de fête, le saint est ramené dans son église tout comme Xolotl était ramené en ce même lieu. 

Tout comme pour Xolotl, les indiens fêtent ce Santo Domingo de Guzmán en buvant de l'alcool et en faisant du bruit alors que les fêtes proprement hispanique, comme la fête de la Vierge de la Merced à Leon, se fêtent tout différemment, avec ordre et sobrement.

L'historienne souligne que malgré l'assimilation de l'Eglise Catholique, l'indien célèbre, dans son inconscient, le dieu Xolotl. Cela s'est passé aussi pour les autres divinités locales.

La culture indigène, malgré la boucherie de la conquête espagnole, a refusé de mourir. Durant ces années d'esclavage, de résistance et de conspiration, la culture indigène a survécu dans la moquerie des conquérants. Elle a protégé ses dieux et a maintenu vivantes leurs fêtes et leurs rites en les couvrant d'un léger vernis de chrétienté. N'y a-t-il pas de meilleur lieu pour protéger les dieux indigènes que la propre église catholique ? Le calendrier de la vie religieuse de l'immense majorité des Nicaraguayens est donc celui qui prévalait avant la conquête.

Le dieu de la pluie est recouvert de la croix (symbole qui existait avant la conquête), le dieu de l'air par Jésus Sauveur, le dieu de l'eau par Saint Grégoire, le dieu du feu par Saint Cristophe, la déesse mère Omeyatecigoatl par Sainte Anne, le 12 décembre, on fête la Vierge de Guadalupe qui couvre la déesse Tonantzin, mère des dieux. Si la fête de Diriamba a lieu le 20 janvier et dure 10 jours, c'est parce qu'il s'agit du premier jour de l'an du calendrier indigène. Avant la conquête, des prisonniers de guerre étaient consacrés à Quetzalcoatl, relié au Soleil. Ils étaient attachés à un poteau et tués avec des flèches. On comprend que Saint Sébastien, attaché au poteau et dardé de flèches soit facilement devenu le substitut pour continuer à commémorer cette fête.

Quelques (mauvaises) habitudes

L'occidental qui voyage au Nicaragua sera très surpris par de nombreuses habitudes dans la population qu'il jugera déraisonnables. Il n'y a pas d'ordre d'importance dans les habitudes que je mentionne ici.

La première mauvaise habitude que remarque le voyageur est celle qui consiste à tout jeter par la fenêtre de la voiture ou du bus. De même que jeter les détritus dans le rue quand il pleut fort pour que le courant les emmène. Les ordures sont un réel problème dans tout le pays. Il n'y a pratiquement pas de traitement des déchets hormis les décharges et les seuls "traitements" consistent au recyclage opéré par des gens qui vivent en ces lieux (la grande décharge de Managua s'appelle La Chureca, âmes sensibles s'abstenir). Le ramassage des ordures n'est pas non plus très au point et de nombreuses personnes ne sont pas consciencieuses, elles se débarrassent de leurs déchets sans respecter leurs voisins. Il n'y a pas non plus de traitement des eaux usées, tout part dans les lacs, rivières (la première station d'épuration a été construite il y a peu à Managua).

Dans une société qui a vécu longtemps à partir de ce que lui fournissait la nature pour emballer, porter ou conserver les aliments ou l'eau, l'arrivée du plastique a eu de terribles conséquences.

Extrait d'un article paru dans El Nuevo Diario en décembre 2008 (article de M. Francisco Mendoza)

La rivière Ayapal agonise

Alors que certains luttent pour feiner l'avance de la frontière agricole, éviter la déforestation, les brûlis sans contrôles et la contamination des rivières par les produits agro-chimiques, d'autres se chargent de détruire la nature en utilisant les rivières comme décharges.

La rivière Ayapal sert à la fois de voie de transport pour les communautés indigènes ainsi que comme source d'approvisionnement global en eau. Malheureusement, beaucoup de personnes qui vivent à Ayapal se servent de cette rivière pour y jeter leurs ordures ou se servent de ses rives comme abattoirs. Les sang et les viscères des porcs sont alors simpolement jetés à la rivière. Les sacs de plastiques et les récipients de toutes sortes, s'accumulent et forment une grande masse de déchets. Ces sacs de plastique couvrent parfois de grands espaces. Les produits organiques en putréfaction absorbent l'oxigène de l'eau et font mourir la faune de la rivière. Des organismes, comme le Centre Humboldt, entreprend actuellement plusieurs projets pour conscientiser les communautés indigènes et métis qui vivent dans la région.

Une autre est le déboisement inconsidéré. Ce problème peut prendre des tournures dramatiques, par exemple des glissements de terrain lors de fortes pluies, sans compter les dommages causés à la biodiversité.

Une autre mauvaise habitude est de considérer que si un terrain est ma propriété, alors je peux faire tout ce que je désire sur ce terrain : déboiser, construire ce que je veux. Il n'y a pas de respect du plan d'occupation des sols. Cela entraîne également des conséquences dramatiques en plus des glissements de terrain ou d'inondation. Construire sur une faille sismique peut s'avérer fatal.

Considérer les études comme étant inutiles ou du temps gaspillé est également une habitude répandue. Il s'en suit que chez une grande partie de la population la culture générale est peu développée (par exemple, beaucoup de personnes lisent mal et comprennent mal un texte). Ceci a pour conséquences, entre autres, que les travaux, même simples, ne sont pas toujours bien effectués et les rendements peu élevés. Ainsi, en agriculture, les engrais sont mal utilisés, les techniques biologiques ne sont pas employées (car inconnues), les sols s'appauvrissent, les rendements diminuent (moins de la moitié des rendements constatés au Costa Rica, pays voisin qui possède les mêmes conditions biologiques et climatiques), ce qui génère une déforestation inconsidérée pour utiliser de nouvelles terres.

Une autre mauvaise habitude est le traitement infligé aux animaux. Souvent, les animaux domestiques sont mal considérés, chiens et vaches en sont les principales victimes. Les animaux sauvages ne sont pas mieux lotis. Pour une grande partie de la population, un animal sauvage est une source potentielle de profit, comme aliment ou comme possibilité de réaliser une vente.

Le sport

Le sport national est le base-ball. Essayez de vous rendre au stade une fois. Le football commence à être pratiqué.

La situation de la femme

Voyageur, regarde bien autour de toi ! Souvent, l’homme travaille mais ne donne que peu de son revenu à sa femme. C’est à elle de se débrouiller pour nourrir, éduquer et soigner ses enfants.

Sachez qu’au Nicaragua la majorité des couples ne sont pas mariés, mêmes s’ils ont de nombreux enfants. Simplement, un jour, le jeune homme a enlevé la jeune fille avec son consentement. Ils se sont cachés chez un parent complice qui les a hébergés jusqu’à ce que la jeune fille soit enceinte. Ensuite, ils sont revenus chez leurs parents pour officialiser leur union et le jeune homme a construit une maison qui sera la propriété de sa femme.

Durant l’époque révolutionnaire il y a eu de nombreux progrès pour améliorer le sort de la femme en ce qui concerne  l'éducation, l’alimentation, les soins. Ceci était dû au fait que lors de la lutte contre la dictature près de 30% des combattants étaient des combattantes et que, par ailleurs, les femmes constituaient la majorité des combattants de l’ombre (renseignement, transmission des informations, acheminement de l’intendance, etc.). Plusieurs femmes avaient un grade élevé dans la guérilla, ceraines étaient commandantes et dirigeaient un front. C'est la commandante Dora Maria Tellez qui commandait les troupes révolutionnaires qui ont libéré Leon, la deuxième ville du pays. 

De nombreuses maison des femmes (casa de la mujer) ont été construites, mais le machisme n’a pas disparu en 15 jours après la victoire sandiniste. Il est étonnant pour un occidental de connaître des femmes qui ont souffert du machisme de leur homme et qui l’encouragent chez leurs fils, qui sont fières de leur machisme.

Après la défaite sandiniste (1990), l’avortement thérapeutique a de nouveau été interdit, la pilule contraceptive condamnée et l’homosexualité criminalisée.

Actuellement, l'avortement est totalement interdit, il n'y a aucune exception, même lorsque la grossesse est due à un viol. Cela est le fait des lobbies chrétiens. Notons toutefois que ces gens n'ont de chrétien que le nom. Je connais une jeune fille de 15 ans, violée à 14, et enceinte à la suite de ce viol. L'enfant et sa mère ne sont visiblement pas bien en raison de leur relation faussée. Croyez-vous que les lobbyistes chrétiens ont mis en place des associations qui viennent en aide aux femmes victimes de ce type de situation ? Ne rêvez pas chers lecteurs.

Nous vous conseillons de vous rendre, chaque fois que vous le pourrez dans les locaux d’Ixchen. Cette organisation de femmes propose généralement aux femmes une clinique, une aide au démarrage d’une petite entreprise, des rencontres, conférences à propos du machisme, une bibliothèque, souvent un petit restaurant ou un petit hôtel. Allez-y !

Dans les campagnes, le 44,7% des femmes sont aujourd'hui analphabètes. Elles ne possèdent que le 17,4% des terres et composent à peine le 30% de la population économiquement active de la zone rurale.

A la suite d'assassinats répétés de femmes, une nouvelle loi a été promulguée au Nicaragua afin de condamner plus sévèrement les féminicides et la violence de genre.

Malheureusement, dans certains pays d'Amérique centrale, comme le Guatemala et le Salvador,la situation est bouleversante en raison d'une violence extrême envers les femmes, violence liée aux "maras". Notons qu'au Nicaragua, les "maras" n'existent pas.

Extrait d'un article paru dans le journal Le Temps en mars 2013

Le schéma est connu: la femme est jeune, parfois très jeune, et elle est abattue par balles, tout près de chez elle. Dans la grande majorité des cas, l’agresseur est un mari ou un père, et la mort vient clore brutalement des années de violence.

En Amérique centrale, les meurtres de femmes en raison de leur genre, les «féminicides», font chaque année des milliers de victimes. Au Salvador, l’année dernière, plus de 300 femmes ont été assassinées parce qu’elles étaient des femmes, trois fois plus qu’il y a dix ans. Au Guatemala, 600. Cela en fait les pays où le taux de féminicides est le plus élevé au monde. Et les rues de la ville mexicaine de Ciudad Juarez sont tristement devenues célèbres pour les centaines de jeunes femmes qui y ont brutalement perdu la vie. (...) Les femmes disparaissent et leurs corps mutilés réapparaissent dans l’espace public. Une terrible pratique des «maras» que confirme Maria Teresa Trejo de l’association salvadorienne Las Dignas: «C’est un message clair transmis à la société, que le corps de la femme est un trophée de guerre, explique-t-elle. C’est le machisme qui favorise ce genre de comportement.»

Malgré toutes ces avancées, la violence envers les femmes est loin d’avoir diminué en Amérique centrale et elle est encore banalisée. De manière générale, «l’impunité reste la norme, déplorait à New York Michelle Bachelet. La mise en application de ces lois fait encore défaut ou n’est pas appropriée. Il faut augmenter les efforts de prévention […] et développer des stratégies nationales et des campagnes qui ciblent les jeunes et les hommes ou encore former les membres des forces de sécurité».

Pour les organisations féministes, il faut un changement social. «Il y a eu d’importantes avancées juridiques, admet Maria Teresa Trejo. Mais l’Etat continue par exemple de traiter la violence des gangs sans tenir compte des femmes. Rien ne changera vraiment tant que la société restera aussi patriarcale.»

Les langues

La langue officielle est l’espagnol. Dans la population, de nombreux mots courants sont d’origine améridienne (aztèque).

L’anglais est parlé sur la côte Caraïbe, mais avec des modalités qui surprendront les anglophones. Vous pouvez écouter à ce propos Se me perrdio la llave du groupe Cawibe.

Dans les zones reculées, les langues indigènes sont encore présentes, comme le miskito, le garifona, le sumu, etc.

Quelques personnes parlent un peu l’anglais.

Nous vous conseillons d’apprendre à vous débrouiller en espagnol.

Les arts

La littérature

Le Nicaragua est un pays de poètes. Le plus célèbre est Ruben Dario, prix Nobel de littérature. Chef de file du modernisme. C’est la gloire nationale. Il est enterré dans la cathédrale de Leon.

De nombreux Nicaraguayens sont poètes. C’est presque une tradition dans le pays.

La première œuvre qui dénonce le colonialisme et vante la résistance indigène face au colonialisme espagnol est « el Güegüense », au XVII siècle. Cette pièce est écrite en espagnol et en nahuatl, la langue aztèque. Elle mélange différents styles artistiques : la danse, la poésie, la musique, etc. Cette oeuvre fait partie du patrimoine immatériel mondial de l'UNESCO.

La littérature révolutionnaire est abondante. Ernesto Cardenal (prêtre et ministre de la Culture sous le régime sandiniste) a écrit « l’Evangile à Solentiname ». Omar Cabezas, un dirigeant sandiniste lors de la lutte contre la dictature a écrit à propos de son expérience « La montagne est quelque chose de plus qu’une immense steppe verte ». Sergio Ramirez, ex vice président de la République et actuellement dirigeant du Mouvement Rénovateur Sandiniste est un écrivain de qualité. Mme Gioconda Belli est une écrivain reconnue.

La peinture

Le style emblématique du pays est l’école de Solentiname, un archipel au sud du lac Cocibolca. Cette tradition s’est développée sous l’impulsion du père Ernesto Cardenal, lui-même poète et écrivain, qui s’y était rendu pour fonder une communauté chrétienne. Il deviendra ministre de la Culture dans le gouvernement révolutionnaire.

L’artisanat traditionnel comporte de nombreux motifs peints sur de la céramique. Ils représentent fréquemment la mythologie amérindienne.

La musique

Sur la côte pacifique le marimba est l’instrument de prédilection. Les jours de fête, il n’est pas rare d’entendre de petits orchestres jouer dans les bars, les hôtels. Vous serez invité(e)s à danser.

Le chanteur le plus célèbre se nomme Carlos Mejia Godoy, la salle où il joue s'appelle "La casa de los Mejia Godoy" (il y chante avec son frère, Luis Henrique), à Managua.

 

Carlos                             Luis Enrique

Tous les chauffeurs de taxi connaissent. Réservez votre place un ou deux jours à l'avance. Sa chanson fétiche est : "Nicaragua, Nicaragüita", elle a fait fureur pendant l'époque révolutionnaire, c'est un hymne d'amour au Nicaragua : Nicaragüita enregistrement datant de l'époque du gouvernement sandiniste). Le refrain dit à peu près :

Ay Nicaragua, petite Nicaragua, la plus belle fleur de mes amours; fertilisée par le bienfait, petite Nicaragua, sang de Diriangen. Ay Nicaragua, tu es plus douce que le miel de ruche ... Mais maintenant que tu es libre, petite Nicaragua, je t'aime beaucoup plus.

Autre version de Nicaragua Nicaragüita en vidéo

Sur la côte caraïbe, la musique se rapproche du reggea, steel band et calypso : Sopa de caracol. Le groupe le plus fameux est Dimension Costeña. Deux titres de ce goupe : Don't give me you coco cake  et Oh Maria please come back home. Un groupe aujourd'hui disparu : Cawibe Se me perdio la llave.

Vidéo en live de Dimension Costeña, 8'34 de musique et de paysages de la côte atlantique.

 

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